Interview de Brigitte Gothière
Nous avons eu le privilège de réaliser une interview de Brigitte Gothière cofondatrice d’L214, au cours de laquelle elle a généreusement partagé ses réflexions sur une multitude de sujets, allant de L214 à sa vie personnelle. Ses réponses nous ont offert un aperçu précieux de son univers et de ses convictions. Découvrons ensemble les idées et les expériences inspirantes de Brigitte Gothière.
Brigitte nous dit tout !
Sans filtre
TY’K AFFINAGE CONNAÎT L214 MAIS… AVEC TES MOTS : L214 C’EST QUOI ?
L214, c’est de l’énergie et de la détermination pour défendre les animaux. C’est une centaine de salariés, des milliers de bénévoles, et des dizaines de milliers de soutiens qui regardent tous dans la même direction : mettre fin à l’élevage et à l’abattage des animaux pour la consommation alimentaire.
C’est mettre les pieds dans le plat, d’une part avec des images de la réalité, insoutenables, et d’autre part avec de la douceur et des solutions aussi bien à l’échelle individuelle que collective.
On tâche de faire évoluer la situation petit à petit faute d’avoir une baguette magique. Mettre la question animale dans le débat public, informer des conditions d’élevage, de transport d’abattage, de pêche, s’attaquer aux pires pratiques, faire diminuer le nombre d’animaux tués, faire évoluer notre environnement alimentaire vers plus de végétal : on s’adresse à divers publics dont les entreprises et les politiques.
QUEL A ÉTÉ TON DÉCLIC POUR VÉGÉTALISER TON ALIMENTATION ?
Vers mes 20 ans, à table avec mon compagnon Sébastien, on a eu un déclic et on s’est rendus compte brutalement que le jambon qu’on était en train de manger était un morceau d’animal, au même titre que le chien avec qui on partageait notre vie à l’époque.
À partir de ce moment-là, impossible de revenir en arrière : on a fini ce qu’il nous restait dans le frigo et on n’a plus jamais acheté ni mangé de viande ou de poissons.
Le reste des produits d’origine animale (lait, œufs, etc.) a suivi quand on a pris conscience de ce que leur production impliquait réellement.
QUESTION UTOPIQUE : NOUS SOMMES EN 2050, ET TU FAIS UNE ITW POUR PARLER DE LA CONDITION ANIMALE, QUELS SONT LES OBJECTIFS À ATTEINDRE POUR L214 ?
Idéalement : on a fermé les abattoirs, et obtenu l’abolition de l’élevage et de la pêche ! On vit en bonne intelligence avec les autres animaux. Notre environnement est dans le même temps nettement meilleur, moins pollué, les espaces sauvages ont retrouvé une place légitime. Mais même si je n’écarte pas cette possibilité, je pense que ce n’est pas le scénario le plus probable dès 2050.
Déjà en 2030, on aimerait avoir réduit de moitié le nombre d’animaux tués pour l’alimentation française : c’est ambitieux bien sûr, mais il nous paraît nécessaire d’avoir des objectifs à la hauteur des enjeux éthiques que pose l’exploitation animale.
Pour 2050 ça pourrait être d’avoir rendu le vegan par défaut partout, tout le temps : la viande deviendrait quelque chose d’inhabituel, jusqu’à disparaître complètement un peu plus tard, on l’espère ! Un beau retournement de situation quand on pense à ce qu’on a connu avec les options véganes presque inexistantes il y a quelques années.
SUR TA TABLE DE NUIT IL Y A QUOI COMME BOUQUINS ?
La théorie du tube de dentifrice : un livre de Peter Singer qui retrace le parcours d’Henry Spira, un militant pour les droits des animaux américain qui a obtenu des avancées sociétales considérables presque tout seul. Ça a été une véritable inspiration pour l’orientation stratégique de L214.
IL N’Y A PAS DE HIÉRARCHISATION DES ENQUÊTES DÉNONCÉES PAR L214 CAR ELLES MONTRENT TOUTES L’INNACEPTABLE, MAIS LAQUELLE A ÉTÉ LA PLUS IMPACTANTE ?
Pour nous, l’enquête qui a tout changé a été celle de l’abattoir d’Alès en 2015. Alors que nous étions encore une très jeune association, les images ont été médiatisées au-delà de tout ce qu’on aurait pensé, il y a même eu des répercussions à l’international. Bien sûr, on ne s’est pas réjoui du tout de ce que représentaient ces images, mais la violence qu’on a constaté ne nous a pas surpris, à l’inverse du grand public. C’était la première fois que l’horreur des abattoirs était médiatisée aussi largement : c’était comme si les gens découvraient qu’on tuait de vrais animaux, des êtres capables d’éprouver de la douleur et de la peur, de la terreur même. Ça a grandement contribué à faire de la question animale un sujet de société, qui a toute sa place dans le débat public.
SI ON OUVRE TON FRIGO LÀ, IL Y A QUOI DEDANS ?
J’ai toujours aimé les choses simples et classiques en cuisine : probablement un reste de spaghetti à la bolognaise (avec des protéines de soja texturées bien sûr !), de quoi faire une tarte aux brocolis, un flan pâtissier, ce genre de choses.
Et de la salade ! Caricatural mais j’aime la salade 😀
QUI SONT LES PERSONNES LES PLUS DIFFICILES À CONVAINCRE, LA FAMILLE, LES AMIS OU LES POLITICIENS ?
Je pense que ça dépend plus des personnes en elles-mêmes que des liens qui nous unissent. Mais pour le coup je vois un enjeu considérable dans le fait de convaincre les politiques à considérer la question animale comme un sujet important dans le débat public, dont ils et elles doivent se saisir. Ce sont ces personnes là qui peuvent avoir une influence considérable sur la société et nos pratiques alimentaires à toutes et tous.
Même si bien sûr c’est toujours appréciable d’avoir une famille et des amis qui partagent les mêmes valeurs !
ON SAIT QUE TU N’ÉTAIS PAS TROP FROMAGES, MAIS LE PEBEYEC ET LE PETIT BOUCAN T’ONT RÉCONCILIÉ AVEC LES SAVEURS FROMAGÈRES ?
Honnêtement, oui ! Dans l’ensemble, les fromages végétaux correspondent plus à mon goût (et à mon éthique !).
J’ai une petite préférence pour le Petit Boucan et sa texture crémeuse et douce personnellement.
SI TU AVAIS UNE QUESTION À NOUS POSER CE SERAIT LAQUELLE ?
À quand une 3ème référence de fromage végétal chez TY’K affinage ?
On a hâte de découvrir de nouvelles saveurs au vu de ce que vous avez concocté avec le Petit Boucan et le Pebeyec !